Avenue André Malraux Tours
France
ouvert du mardi au dimanche de 14 h 00 à 18 h 00
fermeture exceptionnelle les 1 er et 11 novembre, 25 décembre et 1 er janvier 2022
L’aventure du Studio Zgorecki se situe à la croisée de l’histoire de la diaspora polonaise au cours de l’entre-deux-guerres et du renouveau que connaît alors l’industrie minière dans le Nord de la France. En 1919, dans le but de reconstituer sa main-d’œuvre, la France signe des accords d’immigration avec plusieurs nations dont la Pologne. Les agences de recrutement françaises embauchent successivement plus d’un demi-million de travailleurs originaires de ce pays, dont des mineurs westphaliens implantés dans les houillères de la Ruhr en Allemagne, à l’instar de la famille de Kasimir Zgorecki (né Kazimierz Zgorecki, Recklinghausen, 1904 – Lille, 1980). Les milliers de portraits réalisés par le Studio Zgorecki dans le Pas-de-Calais livrent un témoignage unique de la vie de cette communauté, qui contribua fortement à la modernisation du bassin minier de la région.
Issus de cette génération d’Europe de l’Est que les bouleversements politiques et territoriaux ont contraint à l’expatriation, les Zgorecki s’établissent dans la cité minière de Rouvroy en 1922. À l’âge de vingt ans, Kasimir Zgorecki, chaudronnier de formation, employé à la mine comme son père, quitte la fosse 10 de Billy-Montigny pour se lancer dans une carrière de photographe de studio. Il hérite de son beau-frère tant l’atelier que les ficelles du métier.
Lorsque, en 1924, il débute en tant que portraitiste, la photographie est alors l’instrument privilégié de documentation de l’activité industrielle. Les compagnies houillères y ont abondamment recours, comme l’attestent les travaux de Joseph Quentin (1857-1946) et d’Ernest Mésière (1862-1935), dont la présentation ici offre un éclairage contextuel.
Au Studio Zgorecki, actif jusqu’en 1957, cet artisan prolifique et inventif travaille avec sa femme Léocadie et un laborantin, consacrant une part conséquente de son activité à la réalisation de portraits d’identité. Avec l’immigration massive, quantité d’entre eux sont en effet produits en réponse aux besoins administratifs de l’État, ce qui favorise la démocratisation de l’image photographique. Le fonds du Studio Zgorecki couvre également une diversité de sujets reflétant les commandes des habitants – activités sportives, réunions, fêtes, devantures de boutiques polonaises –, toutes les images étant empreintes de l’attachement profond de cette population à son pays d’origine.
L’exposition réunit près de 350 photographies et documents. La sélection provenant des archives du Studio Zgorecki comporte des images datant de 1924 à 1947, dont plus d’un tiers est montré ici pour la première fois.